mercredi 16 juin 2010

épidermique


épidermique


http://www.synesthesie.com/blog.php?postId=1475


Ecrit par Véronique Godé le 04/01/05

Artistes : 
  • Goulet Olivier

  •  
  • Nordmann Boris

  •  
  • Ait kaci Yacine 

  • Mestaoui Naziha 



  • Bill Viola, Tàpies, Valérie Belin, Louise Bourgeois, Matta, Man ray... Les pièces d’une trentaine d’artistes contemporains disséminées dans tout l’espace du musée, y côtoient des Hieronymus Bosch ou plus proche du sujet, la réalité sculpturale des corps d’un Pierre-Paul Rubens ou de Jean-Baptiste Carpeaux.
    A quelques pas de là, dans l’antre du Phénix et l’espace temps d’un festival (du 22 au 25 novembre dernier) d’autres artistes ont exposé leurs variations sur l’épiderme : vue en coupe après lifting.


    L’interstice

    Dans les sous-sols du Phénix, où sont exposés les mondes virtuels, un lit de six mètres sur quatre convoque le sensuel. Allongée sur le matelas, j’enfile les écouteurs et regarde défiler la vidéo qui me sert de toit. Un paysage de corps filmé en très gros plan passe lentement au-dessus de ma tête comme un scan : sensation étrange et délicieuse de ma propre intimité, je perçois celle des autres couchés à côté de moi, sans pouvoir en discerner les contours. En rupture avec la frénésie d’un festival, Au lieu des autres, la pièce de
    Boris Nordmann est un passage par l’horizontal qui nous ramène au corps.

    Biologiste de formation, Boris aborde le champ des arts plastiques comme un terrain d’expérimentation et investit l’espace public : « plutôt que d’exposer dans un lieu consacré, dit-il, je préfère m’adresser aux gens comme ils sont, là où ils sont ». Dans Exotisme du terrain vague, par exemple il crée une œuvre, une photographie en relief sous un pont parisien. « Là où on attend crottes de chiens et graffitis, dit-il, j’ai mis en scène des plantes vulgaires -qui poussent auprès des rivières-, sur une photo de douze mètres de large: la volupté de leurs formes jaillit en 3D pour qui veut bien glisser la tête dans le cadre de vision. » Boris investit l’interstice, ce n’est pas son seul travail sur le sujet : il fait apparaître des grains de beauté, là où la peau du monde a été scratchée.


    L’interface cybernétique

    « La mutation future de l'homme est souvent abordée par le biais du clonage et des modifications génétiques or l'alternative bionique, basée sur la fusion de l'organique et de l'électronique, me semble plus prometteuse », s’engage Olivier Goulet qui mène depuis dix ans une réflexion sur la peau. Dernière mouture de son travail, le Skin bag une collection d’accessoires et vêtements de peau aux couleurs humaines dont l’artiste habilla tour à tour les intervenants du festival... pour une mue assez réussie, d’ailleurs.


    Il s’agit pourtant d’une peau ridée, brûlée peut-être ? scalpée, et parfois scarifiée, qui ramène à la surface, même ce qu’elle dissimule : oscillant entre régression et anticipation, le Skin bag suscite tous les fantasmes et les angoisses qui se rapportent à la partie organique du corps. « Certains voient mes sacs comme des placentas portatifs. Leur matière troublante et molle évoque la membrane, la muqueuse, des tissus bizarres, autrement dit la partie trouble, voire informe de nous-mêmes. »


    Le travail d’Olivier Goulet pose clairement la question de l’identité, au moment même où la première greffe d’un visage humain soulève un débat d’éthique. Mais sa peau à lui est purement synthétique (du latex ni plus ni moins) et la démarche métaphorique : nous sommes incapables de définir clairement ce qu’est l’identité individuelle et collective. « Le nom, le visage, le souvenir, restent désespérément insuffisants pour nous définir... Les technologies numériques y parviendront t-elles de façon plus juste ? » La question reste posée.


    Territoire prothétique, identitaire, Olivier a d’abord tenté de lire la peau comme une cartographie du corps, que son sens de la provocation a mené à fragmenter, numériser et vendre sur Internet en 1997. Son concept la Vente de Territoire Par Correspondance propose de s'approprier virtuellement le corps de quelqu'un d'autre. « VTPC consistait à brader voire liquider le corps de Gilles Virget, SDF à l’époque, donc sans espace privatif », précise l’artiste. « Ce détail polémique renforce l’idée de peau comme l'ultime frontière qui distingue l’individu du reste du monde. Une critique de notre système économique et social qui repose largement sur le schéma de l'exploitation de l'autre. »


    Conceptuel autant que plastique, le travail d’Olivier Goulet s’inscrit dans une démarche résolument contemporaine qui s’affranchit des sentiers tracés par le milieu artistique : dès 2006, ses Skin bags rejoindront un réseau de distribution commercial mondial, pour un prix public abordable, nous promet-il. Son ambition depuis le départ : trouver des partenaires à la pointe de la recherche dans le domaine des télécommunications et des capteurs en tout genre, capables d’intégrer les premiers composants dans ses membranes.


    Glissement sémantique et réalités hybrides

    Les architecte et designer, Naziha Mestaoui et Yacine Ait kaci, emploient le terme de peau d’information pour définir toute une strate de leur travail. En 2000, année de toutes les prospectives, ils avaient conçu avec le designer de mode Crstof Beaufays et le concours de France Telecom R&D, une écharpe communicante (exposée au Moma en 2001); considérant le vêtement comme une seconde peau qui par le biais d’interfaces intégrées permet une extension des sens dans le virtuel.


    Leur installation i-Skin 2.0 réalisée avec le même designer et le collectif belge Lab[au] propose une modélisation subjective de la personnalité humaine à partir d’un croisement d’informations, symbolisé par la génération d’un avatar de cristal. Cette deuxième peau de personnalité façonnait un objet unique pour chaque visiteur de l’exposition « La beauté » en Avignon.

    Qu’ils s’agisse de métaphores artistiques ou de projets d’ architecture, Electronic Shadow s’efforce depuis cinq ans à construire des passerelles entre réel et virtuel, créant une porosité entre les deux mondes par le biais de l’image vidéo et du réseau connecté. Comme une double peau qui se joue des transparences, une ombre qui n’existe que par la réalité d’un corps.

    Avec 3 minutes2, par exemple, ils augmentent les limites physiques d’un volume réduit par un système de projections et reconfigurent sans cesse le lieu de vie (15M 2), en fonction des activités de la journée. Une mue « architecturale » dont le Japon a tout de suite su reconnaître la pertinence ! (grand prix du Media Art festival 2004). « A l'opposition traditionnelle réel/virtuel, nous proposons une superposition des deux dans des espaces de perception communs », précisent Yacine et Naziha. Ce qu’ils qualifient de Réalités hybrides. Une rétrospective de leur travail fut exposée à la fondation Vasarely d’Aix-en–Provence, jusqu’au 31 décembre, donnant naissance au livre-catalogue du même nom Hybrid realitiesédité en français et anglais par Archibooks-Le Gac+Sauterau éditeurs.


    Pour le cabinet d’architecture Combarel-Marrec, la notion de peau n’est pas non plus une vue d’esprit : dans une brillante démonstration, Emmanuel Combarel a projeté une douzaine de projets retenus (ou pas par ses commanditaires) où les concepts d’enveloppe, de revêtement, de résille... -qu’ils servent des contraintes fonctionnelles de protection, de porosité ou de pure cohérence esthétique-, sont au cœur de leurs préoccupations quotidiennes.

    N’en déplaise aux pourfendeurs d’urbanisme contemporain, un bâtiment, un bloc est ici pris comme un organisme vivant dont la peau unifie un volume sans l’alourdir, agit comme passerelle ou comme filtre avec l’environnement extérieur, l’habille d’une couleur signalétique, unifie l’espace et arrondit ses angles morts.


    L’image est la peau du monde

    En clôture de la journée thématique des E-magiciens, nous fut offerte issue du fonds audiovisuel contemporain de l’INA une sélection d’une vingtaine de films en 3D, fleuron d’Imagina. La plupart ont tout simplement vieilli sauf peut-être, l’excellent (rebutant pour d’autres) film de Bériou, Ex memoriam, où un ordinateur explore la mémoire de sa genèse, énumérant dans un enchevêtrement de bras, de doigts, de chair et de poils, le jargon poético-surréaliste édifiant des chercheurs en IA (intelligence artificielle). Mais le directeur du magazine bimestriel Repérages écume les festivals et poursuit sa veille, car il est assez rare sauf au hasard d’un clip peut-être, d’apprécier des œuvres résolument contemporaines.

    Déconcertante, pertinente et trash la programmation de Nicolas Schmerkin avec Rubber Johnny (Chris Cunningham) (www.rubberjohnny.tv/), Protocole 33 (Benoît Lestang, à suivre), une incroyable construction origamique de l’homme, Chrysalide (Yann Bertrand et Damien Serban-LPA) s’est terminée, après un pub D’H5, Excite, par le plus lisse esthétiquement mais très controversé Flesh (Strikebackfilms.com) d’Edouard Salier.

    Imaginez une modélisation 3D de New York City vue du ciel (just before 9/11 – avant le 11 sept) avec projection versus mapping d’un porno soft à tendance lesbien sur tous les gratte-ciels de la ville. Image ostentatoire, exhibition luxuriante de la chaire, arrive ce qu’il arriva : déflagration, bombardement d’avion, explosions en 3D jubilatoires et puériles, feus d’artifices et bûché des vanités ... jusqu’à ce que la ville se reconstruise. L’image suscite, c’est un fait, des réactions épidermiques variées ! Il est des images qui nous collent à la peau, qui nous hantent ou nous désespèrent. Le docteur Sarah Rosen elle, s’interroge et pose la question à l’envers : l’image peut-elle guérir ?



    Pour en savoir plus sur l’actualité des e-magiciens 2005
    www.arte-tv.com/cultures-électroniques

    Dictionnaire des beaux-arts, Volume 1 Par Aubin Louis Millin


    Carnation ; dans le langage de l'art, ainsi que dans la langue générale , ce mot désigne l'apparence que nous offre dans la naturq la couleur de la peau, et principalement celle du visage ; il signifie aussi l'imitation que les peintres«en font , lorsqu'ils peignent la figure humaine. Il désigne enfin la manière qu'emploient les artistes pour imiter la couleur de la peau et suMout du teint. C'est ainsi qu'on dit des femmes d'un pays qu'elles ont une belle carnation, ce qui veut dire qu'elles ont la peau et le teint blancs, et aussi colorés qu'il le faut. En appliquant ce mot à la peinture , on dit : Rubens donne beaucoup d'éclat à ses carnations ; les carnations de ce peintre sont reconnoissables par les tons brillans et les passages fins qu'il y mêle ; mais les carnations de Van Dyk, non moins recommandablcs ; 'ont plus de vérité.
    L'imitation naturelle de la carnation dans les tableaux est une des parties les plus importantes et les plu* difficiles du coloris. Ijes couleurs de tous les autres cor|js leur sont ordinairement accessoires et ne tiennent qu'à leur extérieur; mais il paroiI que lacarnation de 1 homme, ainsi que sa forme, soit une
    p*arlie constituante. Cette carnation même exprime déjà la vie , par conséquentes différentes gradations et forces de la vie, et une partie du. caractère de l'homme. Le sculpteur ne peut jamais réussir à faire voir toute l'aine de ses figures. C'est ce -qui prouve la grande importance do cette partie de l'art. Les couleurs de la chair sont non-seulement de toutes les couleurs celles qu'on peut le moins déterminer, mais aussi celles qui, par leur fraîcheur et leurs grâces , sont les plus tendres. Il faut donc les traiter avec infiniment de légèreté. On doit éviter, dans les carnations, un coloris rouge , qui représente plutôt une chair écorchée que de la peau ; il ne faut point aussi qu'il y ait ces variétés de teintes éclatantes, comme on en peut mettre sur quelque corps poli, qui re— cevroit la diversité des couleurs voisines. La chair est toujours d'une couleur malte, et elle est mal rendue par un coloris transparent.
    Le terme carnation convient en général aux chairs peintes dans un tableau; mais lorsqu'on veut désigner une partie seulement, on dit qu'elle est bien de chair. Lairesse , dans son grand livre des Peintres , a donné sur cette partie de l'art , ainsi que sur plusieurs autres, des règles qui peuvent faciliter l'étude à celui dont le génie a de ce côté une bonne direction; mais toutes les règles qu'on n'a pas découvert soi-même, ou dont on n'a pas reconnu la vérité par ses propre» méditations, nesauroient être trèsutiles.

    «Portrait de Clara Serena Rubens», vers 161

    Image

    «Portrait de Clara Serena Rubens», vers 1616

    Peter Paul Rubens
    Le portrait de Clara Serena Rubens (1611-1623), peint vers 1616, est l?un des portraits d?enfants les plus célèbres de l?histoire de l?art européen. Il nous présente la fille (alors âgée de cinq ans) née du mariage de Rubens avec Isabella Brant. La ressemblance de la petite fille avec sa mère est évidente. Si le naturel désarmant avec lequel l?enfant fixe l?observateur est atypique de la peinture de portraits de l?époque, il traduit bien la complicité entre le père et sa fille. Rubens manie les couleurs de manière à mettre parfaitement le visage en scène. La carnation chaude offre un habile contraste avec la tonalité bleu-vert de l?arrière-plan et du vêtement de l?enfant. Les joues bien rouges et les reflets sur le nez et le front expriment une vie intense. Le tableau, dont la structure épouse les formes du vêtement de la petite fille, donne dans un premier temps une impression d?inachevé. Il est probable que l?artiste qui destinait certainement ce portrait à un usage privé et non à la vente n?avait pas l?intention de s?attarder sur ces parties du tableau. Manifestement, Rubens s?est concentré sur l?essentiel de son sujet, le visage de sa petite fille.
    © Collections du Prince de Liechtenstein, Vaduz - Vienne

    L'embryogenèse tégumentaire


    L'embryogenèse tégumentaire


    Tous les tissus et les organes du corps humain naissent de deux feuillets épithéliaux : l’endoderme et le mésoderme. La peau n’échappe pas à la règle : le premier donne l’épiderme et le second, derme. Il leur faut cinq mois pour constituer un système tégumentaire complet.


    embryogénèse

    Au commencement
    Des blastomères au blastocyte
    • Environ trois jours après la fécondation, le zygote (ovule fécondé) est constitué de blastomères, des cellules qui forment une sphère solide appelée morula. Celle-ci continue sa progression vers la cavité utérine tandis que son nombre de cellules ne cessent d’augmenter.
    • Au 5e jour, elle atteint son but où une sécrétion riche en glycogène, le lait utérin, y pénètre pour la nourrir durant son développement. Quand la morula compte 32 cellules, le lait utérin s’accumule entre les blastomères et les repousse à la périphérie. Elles se réorganisent alors en grappe de plusieurs centaines autour d’une cavité remplie de liquide, la blastocèle,et prennent le nom de blastocyste. La transformation se poursuit pour aboutir à la formation de deux structures distinctes : l’embryoblaste et le trophoblaste.

    Trois feuillets primitifs
    • Environ huit jours après la fécondation, les cellules de l’embryoblaste se différencient pour donner deux feuillets : l’hypoblaste ou endoderme primaire et l’épiblaste ou ectoderme primaire. Les cellules de ces deux structures forment ensemble un disque plat : le disque embryonnaire didermique.
    •Environ quinze jours après la fécondation, le disque embryonnaire didermique se transforme en disque embryonnaire tridermique avec trois feuillets embryonnaires primitifs : l’ectoderme, le mésoderme et l’endoderme. De deux premiers feuillets dériveront tous les tissus et organes du futur corps humain, dont la peau.

    L’épiderme
    L’ectoderme, composé d’épithélium, qui recouvre totalement l’embryon, va évoluer durant la grossesse pour former l’épiderme.

    Entre la 6e et la 11e semaine
    • Avant la 7e semaine : l’ectoderme est composé d’une seule couche de cellules compactes.
    • 7e semaine : les cellules de l’ectoderme se divisent pour former une mince couche protectrice de cellules aplaties appelée périderme et une couche basale.
    • 11e semaine : les cellules ectodermiques fabriquent une nouvelle couche de cellules située entre le périderme et la couche basale, la couche intermédiaire. Ses cellules produisent de la kératine et deviendront les kératinocytes. L’épiderme apparaît en même temps que des saillies, les crêtes épidermiques qui s’enfoncent dans le derme. Des mélanoblastes, issus de la crête neurale, pénètrent dans l’épiderme où ils se différencient en mélanocytes responsables de la couleur de la peau.
    • De la 9e à la 12e semaine : des invaginations de la couche basale s’enfoncent dans le derme sous-jacent pour donner naissance aux glandes sébacées et aux follicules pileux.
    • 12e semaine : Des macrophagocytes intraépidermiques, produits par la moelle osseuse rouge, migrent en quantité vers l’épiderme.
    • 21e semaine : les cellules péridermiques se sont desquamées peu à peu et à ce stade, ont totalement disparu.
    • 4e au 6e mois : les cellules de Merkel, récepteurs sensoriels, apparaissent.

    Le derme
    Le mésoderme, composé de tissu conjonctif aréolaire, forme un tissu embryonnaire lâche, le mésenchyme.

    Entre la 11e semaine et le 5e mois
    • 11e semaine : les cellules du mésenchyme se divisent et commencent à former des fibres de collagène et des fibres élastiques. Des portions du derme s’enfoncent dans l’épiderme, où elles font saillies en réponse aux crêtes épidermiques, ce sont les papilles du derme qui renferment des capillaires, des corpuscules tactiles et des terminaisons nerveuses libres.
    • 12e semaine : les bourgeons pileux, invaginations de l’épiderme dans le derme, apparaissent.
    • 14e semaine : les extrémités distales des bourgeons pileux se renflent et ils se transforment en bulbe pileux. Les cellules situées au centre de ce dernier donnent la matrice qui forme les poils et les cheveux. Les invaginations du bulbe, les papilles du chorion, se remplissent d’un mésoderme qui sert de support à des vaisseaux sanguins et les récepteurs sensoriels cutanés.
    • 18e semaine : les cellules périphéri-que du bulbe pileux donnent la gaine épithéliale. Le mésenchyme du derme donne la gaine du tissu conjonctif et le muscle arrecteur du poil.
    • 4e mois : les glandes sébacées apparaissent au côté des follicules pileux auxquels elles restent attachées.
    • 5e mois : les sécrétions sébacées se mélangent aux cellules péridermiques desquamées et aux poils pour former le vernix caseosa, une substance qui couvre et protège la peau du fœtus exposée au liquide amniotique.

    Après la naissance
    La croissance
    Jusqu’à ce qu’il atteigne sa taille définitive d’adulte, le corps est soumis à une forte croissance osseuse. Certaines zones peuvent croître de 20 % entre l’enfance et l’âge adulte.
    • De de 0 à 2 ans, la croissance est très rapide (25 cm dans la première année, 12 cm dans la 2e année).
    • De 2 ans à la puberté, la vitesse de croissance devient régulière (5 cm et 2 kg par an environ).
    • À la puberté, la croissance s’accélère de nouveau avant de s’achever vers 16 ans chez la fille, 18 ans chez le garçon. La peau suit évidemment cette croissance avec un rythme de réplication cellulaire très intense jusqu’à la puberté pour suivre l’évolution du corps.

    Chez l’adulte
    La peau est l’organe le plus lourd et le plus étendu en superficie. Elle couvre environ 2m2 et pèse de 4,5 à 5 kg. Son épaisseur est de 1 à 2 mm sur la majeure partie du corps (voir la fiche sur la peau).

    embryogénèse

    mardi 15 juin 2010

    la lumière

    Le malentendu des icônes


    Il n’y a jamais de source de lumière à l’intérieur de l’icône car la lumière est supposée venir de et par l’icône elle-même. L’emploi de l’or participe à ce symbolisme, comme la technique de peinture, qui s’élabore de la couleur la plus foncée à la plus claire. La carnation pure et assez claire des personnages est une manière de symboliser leur lumière intérieure. Dans beaucoup d’icônes de la crucifixion, le Christ mourant ou mort est figuré avec une carnation sombre contrairement aux autres personnages saints qui y sont représentés. Un cas particulier toutefois pour les icônes représentant la Transfiguration, ce sont les vêtements blancs qui en sont le symbole. (La Transfiguration est un épisode


    http://www.centpapiers.com/le-malentendu-des-icones/2761/

    Diptyque de Melun (vers 1452


    Diptyque de Melun (vers 1452) 
    Jean Fouquet a ici représenté la Vierge sous les traits d'Agnès Sorel. La Vierge d'Anvers, à la carnation d'une extrême pâleur, entourée d'anges rouges et bleus (des chérubins et des séraphins), se détache de façon frontale d'un fond bleu abstrait


    http://www.memo.fr/article.asp?ID=MOD_REN_011

    L'art français du XVe siècle, à l'instar de l'art allemand, subit de plus en plus nettement l'influence de l'école flamande. Le peintre Jean Fouquet - auteur du Diptyque de Melun (vers 1452) et de plusieurs portraits, dont celui de Charles VII (vers 1450-1460) - et Enguerrand Quarton - à qui l'on doit une Vierge de miséricorde (1452) et la célèbre Pietà de Villeneuve-lès-Avignon (vers 1454-1456) - se montrent cependant également sensibles à l'art contemporain italien. En introduisant dans leurs S uvres des éléments de clarté et de stabilité, ils parviennent à une fusion, unique en son genre, du poids de la tradition et du dessin réaliste tenant d'un art du portrait où transparaît le vécu personnel. 

    http://spherebleue.e-monsite.com/blog,olympia-de-manet,91135.html#suite


    La Vénus d'Urbino (Le Titien - 1538)

    Voilà le tableau qu'il faut montrer, celui qu'on attendait, l'Olympia de Manet.
    Olympia fut l'objet d'un énorme scandale soigneusement préparé par Manet.
    Comment Manet avait-t-il pu oser ? Il ne cachait même pas qu'il s'était inspiré de la Vénus d'Urbino du Titien. 
    Il avait bien préparé son coup, un vrai coup médiatique. Il avait peint son tableau en 1863, la même année que le Déjeuner sur l'herbe, mais l'avait gardé en réserve pour le Salon de 1865, qui bien entendu refuserait de l'exposer. Dans son oeuvre, il accumulait les provocations. Au lieu de peindre une Vénus, une Diane, un sujet mythologique, un nu classique, il avait peint une femme à poil, une prostituée prête à recevoir le client, dont le bouquet était déjà entre les mains de la domestique noire.
    L'innocent petit chien de la Vénus d'Urbino était devenu un chat noir d'aspect diabolique. Comme allusion c'est clair. Et tout le monde savait qui avait posé : la maîtresse de Manet, âgée de 16 ans, on était à 2 doigts de la pédophilie.
    Pour la petite histoire, Napoléon III intervint en personne pour que ce tableau et ceux de tous les jeunes peintres refusés au Salon, soient exposés quand même, au Salon dit des "Refusés".
    Pour compléter le tableau, on reprocha à Manet l'absence de modelé, la couleur jaunâtre de la peau, bref d'avoir peint un fromage blanc. Le regard est attiré vers le centre du tableau, vers... disons : la main gauche de la jeune femme. Normal ! il a pris la Vénus d'Urbino pour modèle, qui elle aussi a sa main gauche posée...au centre du tableau.
    Ca commence à devenir intéressant. Que fait Olympia ? La main bien ouverte, doigts écartés, elle se cache. Elle redresse la tête et vous regarde de haut, d'un air de défi. Que fait la Vénus d'Urbino ? Elle ne cache rien, elle a recourbé ses doigts entre les cuisses. Elle penche la tête et vous regarde d'un air langoureux, l'air de dire : "Regardez, vous voyez ce que je fais ?". Hé bien non, pendant des siècles personne n'a rien vu - ou plutôt personne n'en a parlé.
    A votre avis, lequel des deux tableaux est le plus impudique ?

    La grande odalisque (1814)


    Technique impeccable, beaux drapés, tissus somptueux, belle carnation du modèle. Certains critiques, ayant réussi à compter les vertèbres de la dame, prétendirent qu'il y en avait deux de trop. Mais un peintre de talent comme Ingres peut se permettre certaines déformations, l'histoire de la peinture nous en fera voir d'autres !

    wiki


    carnation /kaʁ.na.sjɔ̃/ féminin
    1. (Peinture) Représentation de la chair de l’homme par le coloris.

    “la peinture et la peau”, “la peau de la peinture”

     http://nathalie.benazra.free.fr/mem21.html

     L’artiste 
    “la peinture et la peau”, “la peau de la peinture”, 
    “la peau crevé”, et “la haine du miroir”
    a - L’artiste Selon Freud
       Jean-Luc Chalumeau1 écrit que L’artiste serait selon Freud, celui qui parvient à sublimer ses conflits, (grâce à ce que l’œuvre permette la levée des barrières de refoulement), c’est-à-dire qui est capable de les symboliser, alors que le malade mental en resterait le prisonnier.
       Freud à privilégier le “sujet” (le motif dans la peinture) et à ne concevoir l’écran plastique que comme un support transparent derrière lequel se déroule une scène inaccessible. Il faut qu’il y ait ne serait-ce que des silhouettes pour que le “discours” de l’inconscient soit réparable : la psychanalyse ne saurait s’appliquer à l’art abstrait, et pas même à un art où le “sujet” n’a pas d’importance.
       b - La peinture et la peau
       La peinture écrit Didi-Huberman2 tend à dépasser la problématique de la surface afin d’atteindre (…) La catégorie du feuilleté, de la couche, de l’épaisseur.3 Qu’il y ait tresse, pli, interstice, “battement d’espace” par quoi les fonds “remontent, traversent, font surface”.4
       Le tableau serait structuré comme une tresse, “c’est-à-dire comme une surface en damier, mais dont l’apparence discontinue serait le résultat de l’entrecroisement, dans l’épaisseur du plan, de bandes continues, -une bande en dessus, une bande en dessous.”5
       Le concept de la peau écrit-il encore ne cesse d’hésiter entre le tégument (ce qui recouvre) et le derme (ce qui découvre ou dépouille, selon l’étymologie du mot).
       Le corps cartésien lui-même, semble bien prendre acte de cette difficulté. Il est vrai, que Descartes a relégué la peau au rang de tégument, de surface enrobante : la peau n’est qu’un gant, dit-il6 (mais on sait notamment depuis Lacan, que la notion de gant n’a rien d’évident). Elle n’est pas, en tout cas, l’organe d’un sens en tant que tel, mais la surface d’interposition entre le sensible et le sens.
       La peau est donc d’abord conçue comme superficies et principe de séparation en quelque sorte une peau-recouvrement.
       c - La peau de la peinture
       En revanche, dans un très bel article La peau de la peinture, Tériade7 relie poétiquement la peau et la toile et écrit :
       “La peinture n’a que sa peau, une peau qui ne la couvre pas, comme elle voudrait le faire croire, mais une peau qui la fait elle-même entièrement. La peau de la peinture a la saveur d’une peau humaine. Elle en a la diversité, sa densité, sa puissance simulée de profondeur. Elle possède sa vertu d’être le contraire d’une apparence, c’est-à-dire, la manifestation qualifiée et responsable de l’homme, son point de contact extrême et vibrant avec la vie ambiante. Pour nous procurer toutes les illusions et les varier à l’infini au long des siècles, la peinture a su jouer magnifiquement avec sa peau. 
       Tendue d’abord droit comme un fil, cette dernière s’épanouit par la suite en revêtant les formes exubérantes de la renaissance. Plus tard, elle consentit à se plisser sous l’agitation baroque, puis à se poudrer pour les grâces galantes, ensuite à se graisser pour les envols ou les faux départs romantiques. Un beau jour, elle se déchira. Ce fut la peinture moderne qui accomplit cette délicate et audacieuse opération. La peinture moderne creva sa peau. Elle montra sa carcasse mince, sa construction d’ondes à travers lesquelles la lumière fixe son mystère noir ! Elle révéla sa couleur intime… en déchirant symboliquement sa peau, la peinture moderne chercha surtout à sauvegarder la quintessence du geste créateur du peintre, à le débarrasser, comme dans la poésie, de tout ce qui est inutile, pour l’expression…”
       d - La peau crevée
       Les mutilations de la peau parfois réelles, le plus souvent imaginaires sont des tentatives dramatiques de maintenir les limites du corps et du Moi8, de rétablir le sentiment d’être intact et cohésif.
       L’artiste viennois Rudolf Schwarzhogler qui percevait son propre corps comme objet de son art s’amputa de sa propre peau, morceau par morceau jusqu’à en mourir. Il fut photographié tout au long de cette opération et les photos firent l’objet d’une exposition à Kassel en Allemagne.
       Si l’on recherche dans l’histoire de l’art le commencement de cette déchirure de la toile et les mutilations de la peau ; c’est dans les années 60 - 70, écrit Henri-Pierre Jeudy9, qu’on croyait à la puissance de la transgression des interdits, on se représentait l’éclatement des limites comme la seule tentative de libération et le corps était le lien (et non l’instrument) idéalisé de toutes les expressions d’un antimoralisme.
       Le Body Art comme il fut nommé à juste titre, exalte le corps lacéré, le corps mutilé, la chair offerte aux entailles du bistouri, à la lame de rasoir.
       Dans les sociétés primitives, les pratiques d’inscription sur le corps, la scarification, les peintures et toutes ces compositions subtiles que C. Lévi-Strauss décrit en étudiant les Indiens Caduveo du Brésil sont autant de pratiques qui “culturalisent” le corps, qui annoncent le passage à une société de l’écriture. Rien à voir avec la primitivité du corps tel qu’elle est exhibé dans le Body Art !
       L’exhibition implique toujours une surenchère. Elle fait sauter les limites de la représentation et se soutient de l’illusion qu’il n’y a pas de limites.
       Au cours d’une performance, Sterlac se trouve nu et suspendu dans un filet de basket dont le cordage pénètre dans sa peau. Autour de lui, sur deux lignes en angle droit, des Indiens sont debout et paraissent assister à “la prise au filet” de l’homme blanc. Quand il pratique ses “suspensions” du corps, il met en scène le double sens du rituel. Il se fait insérer des crochets en profondeur dans la peau et fait passer une corde pour s’accrocher de telle manière que la peau devienne la structure qui supporte tout le poids du corps.
       Orlan10 partage avec l’artiste australien Stelarc l’idée que le corps est obsolète.
       Chantal Jaquet11 parle d’elle comme d’une des pionnières en la matière, au cours de sa série d’opérations, performances où elle agit sur sa propre image en se servant de la chirurgie plastique. Elle considère son corps de femme comme un matériau pour la construction de son œuvre et s’inscrit en faux contre la psychanalyse et la religion qui se rejoignent paradoxalement pour dire qu’il faut s’accepter soi-même et ne pas toucher au corps. Elle dénonce le caractère ancestral et anachronique de ce type de pensées.
       e - La “haine du miroir”
       Ce qui est le plus frappant dans les discours tenus par Orlan, écrit Henri-Pierre Jeudy12, c’est sa haine du miroir. Constitutif de la relation spéculaire, le miroir est l’expérience originaire de l’entrée dans l’ordre symbolique. La virulence critique d’Orlan s’exerce alors contre ce pouvoir de l’ordre symbolique qui est aussi celui de la morale. Elle violente cette trilogie : miroir-ordre symbolique-système moral. Quand elle présente les images de son opération “en temps réel”, elle ne restitue pas une relation de miroir avec le public, elle prétend s’offrir dans l’immédiateté du réel. Le principe d’identification est retourné contre lui-même : la vision hallucinante de l’opération devrait être plus puissante que tout mode d’identification. La mise en négation de toute construction symbolique s’effectue par la scène du morcellement du corps (de son découpage par le scalpel). L’autoscopie, ce processus de vision interne du corps, est présenté en “perspective inversée”.
       Au lieu d’avoir une perspective interne de son propre corps, Orlan donne à voir ce qui est sous la peau. En général, l’autoscopie est, pour ainsi dire, une affaire privée, chacun ayant des visions hallucinatoires de l’intérieur de son corps.
       En exergue à toutes ces opérations performances, Orlan cite un extrait du livre de la psychanalyste Eugénie Lemoine Luccioni, intitulé La robe:
       “La peau est décevante (…) dans la vie on n’a que sa peau (…) il y a maldonne dans les rapports humains parce que l’on n’est jamais que ce que l’on a (…) j’ai une peau d’ange mais je suis un chacal (…) une peau de crocodile mais je suis un toutou, une peau de noir mais je suis blanc, une peau de femme mais je suis un homme ; je n’ai jamais la peau de ce que je suis. Il n’y a pas d’exception à la règle parce que je ne suis jamais ce que j’ai.”
       Cité dans le livre d’Orlan, De l’art charnel au baiser de l’artiste.
       Toujours selon Henri-Pierre Jeudy, il y a dans l’aventure du corps exhibé une “haine du miroir” surprenante.
       Le corps, comme puissance infinie de possibles, n’a pas besoin de se soumettre à la règle du spéculaire, son aventure consiste justement à briser le miroir ou à passer de l’autre côté. Tel serait le grand stéréotype de l’exhibition esthétique du corps.
       Il y a dans l’histoire de l’art au XXe siècle une volonté manifeste de faire éclater la tyrannie du miroir.
       La question du corps comme origine des origines demeure toujours présente à la création artistique et, d’une manière plus générale, à toute la réflexion sur la relation spéculaire. Retrouver le corps tel qu’il peut être imaginé en deçà des effets du miroir telle serait une perspective chère aux artistes du XXème siècle.
    Notes
    1 Cf. Jean-Luc Chalumeau, Les théories de l’art, Vuibert 2002, 3ème édition. Retour
    2 Cf. G. Didi-Huberman, La peinture incarnée, Paris Ed. Minuit, 1985. Retour
    3 Cf. J. Clay, 1983, p.10 et 1978, pp. 167 - 168. Retour
    4 Cf. J. Clay, 1983, pp. 10 - 11. Retour
    5 Cf. H. Damisch, 1983, p. 18. Retour
    6 Cf. R. Descartes, 1664, p. 143, Traité de l’homme, tome XI, Ed. Adam et tannery, Cerf, Paris, 1909. Retour
    7 Critique d’art, dans le Minotaure du 10 juin - N° 7 écrit l’article suivant sur : “La peau de la peinture” (Tériade, Ecrits sur l’art, Adam Biron, 1996. Retour
    8 Cf. D. Anzieu, Le Moi Peau, Dunod 1985. Retour
    9 Cf. Henri-Pierre Jeudy, Le corps comme objet d’art, Armand Colin, 1998. Retour
    10 Née en 1947, à St-Etienne, Orlan vit et travaille à Paris ; elle enseigne à l’Ecole Nationale des Beaux-Arts de Dijon, elle se définit comme une artiste multimédia, pluridisciplinaire, voire transdisciplinaire. Ses premières performances de rues ont eu lieu en 1965, et son œuvre voit le jour dans les années 1970. Retour
    11 Cf. Chantal Jaquet, Le corps, PUF, 2001. Retour
    12 Cf. Henri-Pierre Jeudy, Le corps comme objet d’art, Armand Colin,1998. Retour

    BODILY AND PICTORIAL SURFACES: SKIN IN FRENCH ART AND MEDICINE, 1790–1860


    BODILY AND PICTORIAL SURFACES: SKIN IN FRENCH ART AND MEDICINE, 1790–1860
    Mechthild Fend

    ABSTRACT

    This essay argues for the shared quality of skin and painting as signifying surfaces. When representing the surface of the body the artist engages with questions about the borders of the body and relations between the interior and the exterior. Portraits by Jacques-Louis David and Jean-Auguste-Dominique Ingres are considered in relation to several discursive fields: medical definitions of skin from the Enlightenment, nineteenth-century artistic anatomy and art theory. While David's rendering of skin is understood in terms of Xavier Bichat's definition of skin as a 'limite sensitive', the hermetically sealed and opaque skin of Ingres's figures negates contemporary notions of skin as a communicative membrane. Scientific knowledge notwithstanding, these very different approaches to the representation of skin may be seen as reflecting upon different ways to produce meaning as well as different conceptions of the body.

    Art History

    Volume 28 Issue 3, Pages 311 - 339
    Published Online: 5 Jul 2005
    © Association of Art Historians 2010

    GENEVIÈVE CADIEUX. LE PROCHE ET LE LOINTAIN par Scott Watso

    http://www.voxphoto.com/texte/cadieux_g.html

    GENEVIÈVE CADIEUX. LE PROCHE ET LE LOINTAIN

    par Scott Watso

    ...

    Plusieurs des œuvres de Cadieux sont composées comme des peintures abstraites. Tears (1995) est un monochrome atmosphérique à la Olitski. Juillet(1995) est une composition all-over à la Jackson Pollock. De tels gestes sont peut-être intentionnellement posés comme renvois à la tradi-tion de peinture abstraite moderniste à Montréal. Ces photographies s'approprient l'aura de la peinture, transformant la surface de la photo-graphie en une chose matérielle et digne d'attention en soi, plutôt qu'une chose à travers laquelle on regarde. Dans les œuvres de Cadieux, la sur-face photographique s'apparente à la surface de la peinture ou à la peau sur le corps. Elle est exposée,jamais sous verre ou sous plexiglas. Pour que le papier photographique demeure totalement plat, il est monté sur du plexiglas, l'objet étant ainsi sens dessus dessous, avec le papier à l'avant plutôt qu'à l'arrière du verre. Cet aspect tendu de la surface exposée confère aux photographies une présence et une urgence remar-quables, qui les rapprochent encore davantage de l'aura de la peinture. Comme on l'a bien noté ailleurs, les photographies de Cadieux se rapprochent de la condition de l'installation (Chantal Pontbriand, « Le langage est une peau », Geneviève Cadieux, cat. de la XLIV Biennale di Venezia.éd. Parachute, Montréal, 1990). Tout comme des tableaux de grandes dimensions, elles dominent l'espace de la galerie.

    lundi 14 juin 2010

    Anatomia del corpo humano, de Juan Valverde de Amusco (1560)


    Un peu d'anatomie


    valverdep64og2.jpg
    Les planches anatomiques d'avant le 19ème siècle sont toujours intéressantes. Les poses sont incroyables, tout comme les détails. Et ce, à une époque où les dissections étaient encore réprouvées (voire interdites jusqu'à la Renaissance) par l'Eglise. Ce dessin est tiré de Anatomia del corpo humano, de Juan Valverde de Amusco (1560). Cette planche est d'ailleurs l'une des plus célèbres de Valverde, où l'on voit un écorché tenir sa peau d'une main et un couteau dans l'autre. Pour voir l'image en grand,cliquez ici. On dit qu'il ressemble au Saint Barthélémy de Michel-Ange de la Chapelle Sixtine (scène du Jugement Dernier, image en grand ici).

    La carnation





    http://www.dotapea.com/carnation.htm


    La carnation
    Article du glossaire





    Indirectement du latin caro, carnis, chair
    par l'italien 
    carnagione, carnation (selon l'Académie française)



    Dans les arts picturaux (peinture, dessin, émaux, sculpture, et même photo ou vidéo), la carnation n'est autre que la représentation de la peau humaine. C'est un art difficile, puissant, ancien et toujours absolument contemporain. L'expressivité d'une oeuvre, son discours pictural, dépend bien souvent du traitement des carnations, que ce soit dans le nu, dans le portrait le plus pudique ou dans la fantasmagorie la plus outrée.
    Insistons un moment sur l'importance expressive majeure de la représentation de la peau dans l'histoire de l'art puisque c'est la représentation de notre apparence, c'est une voix, un discours pictural par excellence.
    Le traitement de ce sujet ne semble pas toujours à la hauteur de son rang, de son importance. Cela peut susciter des polémiques. Il semble notamment absurde de présenter un cours d'anatomie artistique sans évoquer les veines tant celles-ci pour ainsi dire nous parlent. Et pourtant, même dans les meilleures écoles d'art, certains se contentent d'évoquer mécaniquement os, muscles et tendons... un discours pédagogique qui peut paraître éventuellement améliorable.
    Une autre chose peut-être plus choquante est la "teinte chair" ou "ocre de chair" de certains fabricants de peinture. De quelle chair parle-t-on, de quelle couleur devrait être une "peau standard" imaginaire alors que les artistes depuis des millénaires travaillent à représenter l'épiderme dans une infinité de nuances et de couleurs réelles ou inventées ? A l'opposé, le tube de teinte chair est un rose plus que banal : oxyde de fer rouge et blanc de titane typiquement.
    Prenons le temps de contempler, dans la rue, la couleur de la peau des passants en Occident à des latitudes moyennes. Elle est subtilement jaune et à peine rose (statistiquement parlant). Rappelons pour donner un repère frappant que la Joconde elle-même est jaune, non rose.

    Les Asiatiques ne sont pas plus jaunes que les Occidentaux, et ceux-ci pas plus roses ni blancs, les Amérindiens pas plus rouges, soit dit en faisant abstraction du teint hâblé de certains montagnards ou marins et d'une multitude de cas particuliers. Des symbolismes ne devraient pas être pris pour des réalités.
    L'épiderme humain, sur tous les continents, est un magnifique tissu opalescent imprégné de mélanine noire en quantités diverses variant même sur la surface de la peau d'une seule personne. Il est littéralement collé sur une autre couche corporelle, le derme (corps papillaire, chorion) puis l'hypoderme, sortes d'ensembles de cellules lipidiques blanc-jaune traversés de nombreuses petites artères rouges. Puis il y a les muscles et d'autres graisses et tissus divers, soit chromatiquement du rouge, du jaune et du bleu (veines). Cette série de couches forme une interface complexe et vivante : la peau est un organe. C'est peut-être ce que Rembrandt pourrait nous inciter à nous rappeler au travers d'un très célèbre tableau sans concessions (ci-contre). En dessous de l'épiderme, qu'il s'agisse d'un bovin ou d'un humain, il y a ça. Ce n'est pas rose, c'est une complexité qui définit en partie l'apparence que veut bien nous transmettre notre transparent épiderme.
    Le prétendu rose de la peau est surtout d'un ordre symbolique, au mieux en relation avec l'émoi, au pire avec des considérations beaucoup moins poétiques, plutôt d'ordres politique ou idéologique, signalétique, historique, social, etc. Sur un plan concret c'est tout autre chose.
    L'épaisseur de la peau humaine varierait à peu près du simple au triple en fonction de la région corporelle. La peau féminine aurait en moyenne une épaisseur légèrement supérieure (information non confirmée) qui pourrait éventuellement expliquer une luminosité ou une noirceur (voire la combinaison des deux et des iridescences) qui semblent parfois aux frontières de l'irréel.

    Face à une question récurrente, "comment réaliser une teinte chair", on répondra que la couleur de la peau n'est de toute façon pas un en-soi. L'interaction entre la peau du modèle, l'éclairage et la configuration du lieu donne une infinité de couleurs. Cette infinité est le moteur et/ou l'agent de l'expressivité du formidable travail des artistes depuis la nuit des temps.Il n'y a pas d'ocre de chair ni de teinte chair, c'est un mirage.
    Représenter la peau, fare la carnagione est un travail artistique. Il n'existe pas de solution toute prête et la peau est autant une merveille réelle qu'une source d'inspiration particulièrement importante dans l'histoire de l'art. Une telle représentation nécessite une élaboration et s'inscrit dans une composition chromatique qui elle-même s'inscrit dans une intention artistique. Il est d'ailleurs également possible de jouer précisément sur la symbolique des couleurs et même sur leurs variations sérielles comme le fit Andy Warhol, produisant un tout autre discours pictural.

    Surfaces muettes. La peau dans la peinture de Jean-Auguste-Dominique Ingres

    Conférence de Mechthild FendUniversity College London, Department of History of Art.



    La peau forme la partie extérieure et visible du corps. C’est ainsi que la représentation visuelle de la figure humaine implique dans la plupart des cas la reproduction de la peau. Rendre la peau d’une manière vraisemblable n’était pas la moindre tâche des artistes. Depuis la fin du Moyen Âge, la représentation de la peau était le principal moyen pour la simulation d’un corps animé. Avec des termes comme « carnations » ou « incarnat », la littérature d’art italienne et puis française conceptualisait la représentation artistique de l’extérieur du corps habituellement en tant que chair. Il y avait pourtant des artistes qui entendaient le tégument humain plus explicitement en tant que peau et surface. Un exemple éminent est Ingres. La conférence traitera des portraits et nus d’Ingres et explorera la signification des peaux lisses et immaculées ainsi que de l’accent que l’artiste met sur le contour, c’est-à-dire sur les limites du corps.
    Les observations sur la peinture seront liées à une réflexion sur l’histoire du corps. Ce n’est qu’à l’époque de la Révolution Française qu’on commence à décrire la peau en tant que « limite » et à la concevoir comme « médium » communicative, comme intermédiaire qui traduit entre intérieur et extérieur. Il y a ici un lien important entre la peau et le tableau dans leur qualité de médium. Dans la peinture d’Ingres, il y a un tel rapport entre le tableau et la peau peinte. Dans ces portraits la peau manque la qualité communicative, elle est au contraire muette. Mais c’est exactement pour cela que la surface du corps est associée avec la surface du tableau et atteint un aspect « metapictura ».

    La peinture, la peau qui pense. DIDI HUBERMAN

    Georges Didi-Huberman, « La peinture incarnée », Editions de Minuit, 1985, 170 pages (incluant « Le chef-d’œuvre inconnu » de Balzac.)
    Une analyse fascinante ou autopsie fantastique du texte de Balzac. Une suite de réflexions s’enchaînant et s’articulant au fil de plusieurs thèmes et concepts (qu’il est nécessaire de croiser) : « Le doute (la sapience) du peintre », « L’incarnat », « Le pan », Le doute (le désir) du peintre », « Le détail », « Le doute (le déchirement) du peintre ». L’objectif est de dépasser l’approche qui ne verrait dans cette nouvelle que l’histoire d’un peintre devenant fou, incapable de voir que sa peinture ne représente plus rien (« rien, rien »). Le peintre Frenhofer veut connaître, pour les maîtriser, les limites de son art, que sa peinture soit à même de capter le vivant, de confondre le réel et ce, en réalisant le portrait d’une femme qui glisse du côté de l’absolu. Pour capter cet absolu, il commence par la surface, il cherche à « rendre la peau » sur sa toile en communiquant l’illusion que, réellement, le sang l’irrigue. Toile aux replis palpitants comme ceux d’un vrai corps. C’est un fantasme central -restituer l’incarnat- de la peinture et Didi-Huberman en retrace l’histoire des techniques et inventions (pigments, maniement du pinceau, jet de couleur…). On entre là dans « la plus folle exigence de la peinture ». Il creuse aussi les liens entre le personnage inventé par Balzac et les parallèles posés avec Pygmalion et Oprhée (Pygmalion obtiendra des dieux que l’illusion de vie soit conférée à sa statue réalisée pour fuir les femmes trop semblables aux prostituées et Orphée échouera par perversion à ramener Eurydice des enfers, situation non exempte d’hystérie). Or, à force de vouloir restituer le tissu de la peau dans toute sa complexité vivante – comme un fou qui veut insuffler vie à son œuvre tout en même temps qu’il donne l’impression de vouloir extirper sa Vénus de cet enfer des couleurs- le peintre troue et traverse l’enveloppe corporelle de son modèle idéal. Il perfore et rentre dans la chair. Il ne voit plus rien, il touche, et il projette en couleurs, en couches de peinture, les impressions de ce toucher de plus en plus exacerbé, de plus en plus dans la chair du sujet adoré. Il dilacère son modèle. Il en résulte une sorte de pan de peintures superposées, qui happe le regard, un chaos de couleurs, « où l’on ne voit rien », et pourtant la femme peinte y est. Sous formes d’entrailles peintes, entrailles de la peinture. (Schelling écrivait « La chair est le vrai chaos de toutes les couleurs », cité par Didi-Huberman) De cette « muraille de peinture » jaillit un détail, un pied, d’un réalisme saisissant, le reste chu d’un désastre, le seul morceau que le gouffre de peinture n’a pu avaler, ou qu’il rejette condescendant. Ce pied miraculeusement vivant, Balzac le compare à un morceau de marbre de Paros qui resterait intact dans une ville en ruine. Le détail survivant est comparé à un morceau de sculpture de pierre. (Ce sera l’occasion de (re)plonger dans des considérations antiques où les veines du marbre étaient la marque de vaisseaux sanguins figés, susceptibles de se réanimer.) Là où les témoins ne verront rien dans la toile achevée, le peintre persistera à y discerner ce qu’il y a enseveli. La langue précise de Didi-Huberman est vraiment exaltante, dans son vocabulaire, dans ses tournures au service d’un esprit puissant et raffiné élaborant la possibilité de penser avec la peinture. « La peinture pense. Comment ? C’est une question infernale. Peut-être inabordable pour la pensée. », ce sont les premiers mots du livre où l’on mesure l’ambition, il ne s’agit pas d’ajouter un commentaire littéraire à une oeuvre de Balzac. Bien des éléments de cette langue que Didi-Huberman invente pour ses recherches esthétiques devraient se transposer aux domaines des musiques (actuelles) pour les inscrire dans une critique intelligente, facteur indispensable de reconnaissance. (Je lisais quelques pages de ce livre en soulignant des phrases et des mots, un soir très tard sur les quais de la Gare du Nord. A côté, sur le banc, un jeune lisait le Coran en psalmodiant à voix basse, en balançant le torse. C’était la juxtaposition de mondes diamétralement opposés par le biais de deux livres de connaissance. J’ai rarement senti une telle différence par rapport à un voisin de fortune.) (PH)